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Banc Essai MoFi StudioDeck

Banc D'Essai MoFi StudioDeck+

25/10/2019
Une vraie légitimité

Jeune pousse sur le marché des platines vinyles et cellules phono, Mobile Fidelity Electronics - ou MoFi pour les intimes - n’en demeure pas moins une marque qui peut se prévaloir d’une longue expérience et d’une solide expertise dans le domaine. Elle est en effet l’émanation du label américain Mobile Fidelity, créé en 1977, qui n’a eu de cesse au fil des ans d’innover et d'améliorer les techniques d’enregistrement, toujours dans le but d’atteindre la plus haute fidélité et la meilleure qualité musicale. Ainsi, sa platine vinyle StudioDeck+ étonne immédiatement par sa maturité, son degré d’aboutissement tout en restant à un tarif fort accessible.

Le label Mobile Fidelity Sound Lab ne vous est peut-être pas inconnu et son nom parle certainement à de nombreux audiophiles. Il s’est fait connaître depuis la fin des années 1970 par son procédé de gravure half-speed, effectué à vitesse très réduite, soit exactement 12,5 tr/min afin de conserver au maximum la bande passante et la plage dynamique de la bande master originale. L'ensemble du catalogue Mobile Fidelity assure aujourd'hui la gravure à partir des masters originaux. De son côté, le label MoFi propose un large catalogue de rééditions d’enregistrements mythiques, comme ceux de Bob Dylan, Miles Davis, Frank Sinatra, Aretha Franklin ou encore d’ici quelques semaines Dire Straits. Ces rééditions sont systématiquement réalisées à partir du master d’origine, sans remasterisation pouvant le dénaturer, sous l’appellation « Original Master Recording ». Elles sont disponibles sur vinyles spéciaux de type Gain 2 Ultra Analog LP ou Ultradisc One-Step pour les plus prestigieuses, propres à MoFi, mais également sur CD Ultradisc II Gold et SACD Ultradisc UHR, toujours des exclusivités MoFi.

La production de platines vinyles a commencé en 2016 pour MoFi. Pour se lancer dans cette aventure, le label ne s’est pas contenté uniquement de s’appuyer sur seule expertise. Il s’est également adjoint les services de pointures dans le domaine. Il a fait appel au savoir-faire d’Allen Perkins, designer de Spiral Groove un fabricant de platines vinyles High End, et de l’équipe de HRS - Harmonic Resolution Systems - pour optimiser l’amortissement des vibrations.

 

 

Une conception exclusive pour une platine totalement originale

MoFi Electronics propose la panoplie complète pour l’amateur de disques vinyles : des cellules phono, des préamplis phono et des platines. Cependant, la marque ne se disperse pas et son offre de platines se compose à ce jour de pas plus de deux références. La StudioDeck+ que nous testons ici est la plus abordable. Elle étonne déjà par son degré de raffinement. Sa base est réalisée dans un plateau de panneau massif de MDF (ou médium) usiné, doublé par le dessous d’une fine plaque de plexiglas et chaussée sur le dessus, sur la droite, d’une plaque d’aluminium permettant d’amortir et casser les modes vibratoires. Ce plateau à la finition noire granitée est particulièrement large (50 cm). Cela donne à la MoFi StudioDeck+ une esthétique atypique et séduisante, mais aussi, une masse plus importante et un gros avantage technique. La surface importante du plateau donne en effet la possibilité à MoFi de placer le pivot du bras plus loin du disque et d’utiliser un bras plus long que de coutume. Ce bras est un vrai « 10 pouces », soit exactement 25,4 cm du pivot jusqu’à la pointe de la cellule, ce qui est tout à fait inhabituel pour cette gamme de prix et minimise l’erreur d’angle d’attaque.

Ce bras est fait d’un épais tube en aluminium, particulièrement rigide. Son solide porte-cellule en métal est rapporté et comporte un réglage d’azimut. Son pivot permet d’ajuster la hauteur et donc l’angle d’attaque vertical (VTA). L’antiskating est assuré par une petite masse attachée au bout d’un filin. Enfin, le contrepoids est une pièce d’acier relativement massive, « vissée » à l’arrière du bras par le biais d’un joint en caoutchouc qui garantit un très bon maintien et évite que la force d’appui ne se dérègle trop facilement lors des manipulations.

 

 

Le plateau du disque est de son côté réalisé dans une plaque de 19 mm d’épaisseur en delrin, un matériau apprécié pour sa neutralité, alliant grande dureté et pouvoir amortissant. Sous son axe, il possède une large gorge inversée en laiton, venant s’emboiter sur un second axe en acier trempé, tout aussi large, fixé cette fois-ci sur la base de la platine. Le palier est en téflon et l’ajustage des pièces est particulièrement précis comme on peut le constater par l’effet d’amortisseur hydraulique ou de ventouse qui se produit lorsque l’on met en place ou retire le plateau.

L’entrainement se fait par une courroie jaune en néoprène. Celle-ci est guidée par une large gouttière taillée dans la tranche du plateau ce qui facilite grandement sa mise en place et garantit qu’elle reste bien en place.

 

 

Le moteur d’entrainement est de type synchrone à courant alternatif, à vitesse précisément régulée de 300 tr/min et doté d’un couple élevé. Sa base solide et large est fermement arrimée au socle de la platine, au fond à gauche, mais de façon légèrement rehaussée, préservant un fin espace de découplage. Le changement de vitesse de rotation du disque, 33 ou 45 tr/min, se fait en déplaçant la courroie de l’une à l’autre des deux larges poulies du moteur.

La qualité de réalisation de cette platine MoFi StudioDeck+ est réellement étonnant en regard de son prix de vente d’autant qu’elle est fabriquée aux États-Unis. Cela se confirme encore au niveau de ses pieds qui sont de superbes pièces en métal et spécialement développés par HRS. Ces pieds sont différents pour l’avant et l’arrière de la platine. À l’avant leur système d’amortissement est plus souple et flottant offrant une marge de débattement de prés de 5 mm. À l’arrière, ils sont légèrement recentrés et beaucoup plus fermes, leur plage de débattement réduite à mois de 1 mm.

 

 

 

Une restitution sonore qui laisse parler l’émotion 

Tout le soin apporté à la mécanique de cette platine vinyle se traduit par un très grand silence de fonctionnement. Pour nos essais, nous avons utilisé la cellule proposée d’origine par MoFi. Il s’agit d’une cellule phono MM, à diamant elliptique et haut niveau de sortie (3,5 mV). Portant la référence MoFi StudioTracker elle est spécialement fabriquée sur cahier des charges au Japon. Il est également possible d’acquérir la StudioDeck sans cellule et d’en choisir une plus haut de gamme, cette platine permettant à notre avis de monter très haut du moment que la cellule suit.

 

 

Dans cette configuration, la restitution de la MoFi StudioDeck+ est d’une honnêteté rare. Elle ne cherche pas à impressionner par des graves dévastateurs, des timbres trop ronds pour être vrais, des aigus tout en douceur mièvre. Elle se concentre sur ce qui fait l’essence de la musique, son tempo, sa ligne mélodique. Les timbres n’ont pas de couleurs excessives et l’esthétique sonore change radicalement d’un disque à l’autre. L’image stéréophonique n’est pas systématiquement ample ou concise et resserrée. Au contraire, ses dimensions s’adaptent au gré des enregistrements.

 

 

Sur le vinyle Bill Whiters Live At Carnegie - en version Original Master Recording, de MoFi naturellement - alors que l’ambiance peut sembler très lancinante et sans présence sur beaucoup d’autres platines vinyles, c’est rapidement le groove et l’émotion qui l’emporte avec la StudioDeck+. La participation du public qui frappe des mains et pousse des petits cris électrise l’atmosphère. Malgré le décalage par rapport aux enregistrements live actuels, la magie opère et nous fait remonter dans le temps et replonger dans cette vibration ultra positive d’un artiste totalement en phase avec une audience envoutée. Parler de transparence, dynamique, réponse en fréquence devient totalement incongru. Ici, c’est la musique qui s’exprime. Sur le morceau Friend of Mine, la virtuosité des musiciens, la légèreté et la sensibilité, de leur toucher est palpable. La synergie, la complicité de Bill Whiters avec ses musiciens qu’il présente un par un, ses petits mots d’esprit auxquels répondent les rires des spectateurs nous happe dans la spirale émotionnelle ascensionnelle de ce concert. Lorsqu’il enchaîne par le célèbre tube Ain’t No Sunshine on se laisse prendre par l’énergie douce, la transe qui prend le dessus de mesure en mesure.

Dans un tout autre registre, le morceau My Tears Are Becoming a Sea de M83, la MoFi StudioDeck+ ne force absolument pas le trait. On n’est pas face à une super production au mixage ultra léché. Le travail très artisanal, intimiste, fait de bouts de ficelles acoustiques du groupe n’est pas estompé. Et pourtant la puissance de ce morceau monte peu à peu pour devenir un océan tempétueux. Les vagues rugissent, le ciel se démonte. Là encore, on visualise l’image, le sens que nous transmet la musique et on est pris par le flot.

En revenant à un genre plus lyrique et qui semble parfois plus esthétisant, If You Wait du premier album de London Grammar, datant de 2013, les petits défauts de cet enregistrement qui sont autant de charmes apparaissent rapidement avec la StudioDeck+. La voix d’Hannah Reid semble au début plus distante que de coutume, mais c’est pour mieux nous surprendre. Derrière sa tessiture lisse et diaphane de l’introduction, on perçoit déjà ses fêlures, sa profondeur qui fonde sa richesse. Puis quand le discret piano se tait et que les sections de cordes synthétiques prennent leur envol, elle laisse deviner tout en douceur sa puissance surnaturelle.

La MoFi StudioDeck+ est donc d’une espèce rare. Cette platine est d’une part d’une construction très sérieuse et pragmatique, assez étonnante compte tenu de son tarif. Elle est d’autre part résolument audiophile laissant de côté les effets démonstratifs et artificiels qui essaient de faire paraître la musique plus belle qu’elle n’est et en perdent l'essence. Elle est très sensible à la qualité du vinyle et de l’enregistrement, au point d’en entendre les défauts, mais aussi toute l’émotion qui se dégage des enregistrements. C’est du grand art.

 

 

 

Caractéristiques StudioDeck

Moteur : à entrainement par courroie, à couple élevé, 300 tr/min

Vitesse de rotation des disques : 33 1/3 et 45 tr/min.

Plateau : en Delrin de 1,75 kg

Base : en MDF

Roulement en acier trempé avec palier en Teflon

Pieds amortissant conçus par HRS

Pleurage et scintillement : 0,017 à 0,025 %

Rapport signal/bruit : 72 dB

Consommation : <5 watts

Dimensions : 50,2 x 13,4 x 37 cm (couvercle fourni inclus)

Poids : 8,66 kg

Bras en aluminium de 10 pouces (25,4 cm) avec angle vertical (VTA) et azimut ajustable, pour cellule de 5 à 10 g

 

Caractéristiques StudioTracker

Type : MM, double aimant de type V-Twin

Diamant : elliptique

Corps : Corps en polymère

Niveau de sortie : 3,5 mV

Poids : 6,4 g

Force d'appui recommandé : 1,8 à 2,2 g

Résistance : 47k ohms

Capacitance : 100 pF

 

 

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